Rarement évoquée, l’industrie du tourisme contribue pourtant largement à la catastrophe écologique et pèse près de 10 % du PIB mondial. Fondée sur l’énergie carbonée et accélérant la marchandisation du monde, cette industrie doit faire l’objet d’une révision en profondeur. Une société écologique postcapitaliste devrait-elle mettre un terme au tourisme ?
Le néolibéralisme a réussi un véritable hold-up sur nos désirs. Contre la consommation jouissive de marchandises, il est urgent de faire naître des pratiques et des imaginaires alternatifs. Le philosophe Mark Fisher réfléchit au futur de l'émancipation en revenant sur la contre-culture des années 1960-1970, où s’invente une "abondance rouge". Comment libérer le désir dans une perspective écologiste ?
Dans Les formes du visible, Philippe Descola réfléchit aux différents modes de figuration, soit la manière dont les humains rendent visible toutes sortes d’êtres (divinité, animal, mort) au moyen d’un objet matériel. Célèbre pour avoir mis au jour quatre ontologies qui structurent l’expérience de la vie et du monde des humains à travers le globe, l’anthropologue montre ici comment les images tissent les mondes vécus. Dans la modernité, les représentations de la nature ont-elles pour fonction de la réduire à un arrière-plan inerte, ou au contraire de lui donner la force d’une loi ?
Il y a quelques années, un courant théorique dans les sciences humaines, le « tournant ontologique », se construisait autour de la proposition suivante : les différences ne sont pas simplement différentes perspectives sur le même monde, mais des différences de monde. Néanmoins, ces approches n’ont-elles pas perdu de vue les rapports de pouvoir ? Telle est la thèse d’un livre écrit par l’anthropologue Christine Chivallon, qui, pour répondre à cette impasse, propose le concept d’« inhumain ».
L’écoféminisme est une proposition théorique et politique élaborée depuis près de cinquante ans. Dès les années 1970, Maria Mies et Veronika Bennholdt-Thomsen analysent l'industrialisation comme un vaste processus de destruction de la subsistance. A partir de l’attention à l’ensemble des activités vitales du quotidien, elles relient colonialisme, domination de la nature et des femmes. Ce faisant, elles nous aident à mieux comprendre la domination capitaliste et patriarcale et ouvrent des voies politiques fécondes.
Comment le capitalisme maintient-il son emprise à l’échelle planétaire, sans qu’on ne doute jamais de sa capacité à faire face aux crises engendrées par son propre fonctionnement ? Sur quels dispositifs de pouvoir s’appuie-t-il ? Alf Hornborg aborde ces questions avec les outils de l’anthropologie culturelle, et tente de dessiner une porte de sortie monétaire au désordre global généré par ce système.
Depuis plus de trente ans, des ouvrages alertent régulièrement sur les liens supposés entre l'écologie politique et le conservatisme, et même l'extrême-droite. Un livre récent consacré aux verts-bruns n'est pas plus convaincant que les précédents. Un défaut de méthode et un argumentaire construit sur des ressemblances superficielles conduisent à un naufrage éditorial.
Deux militantes antinucléaires partagent des réflexions inspirées par la lecture de la réédition de Retour à la Hague. Elles nous livrent des éléments de discussions sur l'héritage de cette lutte antinucléaire menée par des femmes et sur les engagements féministes d'une nouvelle génération.
L'hiver dernier, les éditions du Seuil publiaient un Manifeste conspirationniste anonyme, suscitant alors de vives polémiques. Dans cette lecture, Bernard Aspe interroge les thèses principales de ce texte sur l’âme, le style, la biopolitique de la COVID-19 et les présupposés politiques de la lutte. Au fond, quelles tensions existe-t-il entre le souhait de défaire ce monde et l’impératif de construire une communauté de lutte ?
Quel est le sujet politique de la bifurcation écologiste ? Le Mémo sur la nouvelle classe écologique de Bruno Latour et Nikolaj Schultz part d’un constat de plus en plus partagé : maintenir les conditions d’habitabilité de la Terre nécessite de rompre avec le développement irrésistible de la production. Mais à l'heure de cette nécessaire redéfinition écologique des classes, les écologistes sont-ils voués à devenir la nouvelle classe dominante ou bien doivent-ils lutter avec les autres dominé·es pour abolir les classes ?
Penser la domination de la nature, est-ce nécessairement accepter certaines valeurs ou certaines normes qui seraient antérieures à la politique car, précisément, naturelles ? Ou peut-on imaginer une manière de s'engager qui ne les présuppose pas ? Dès les années 30, le philosophe Theodor W. Adorno mène une réflexion critique sur la modernité qui peut encore inspirer l'écologie politique.
Toute pensée politique désirant l'émancipation collective s'affronte à la transformation du réel. Mais ce qu’il s’agit de viser, de se donner pour but, est loin d’être évident. Devons-nous imaginer des utopies servant de principes à l'action politique, mais sans espoir de les voir naître ? Ou bien devons-nous trouver des voies de transformation proches du réel, et abandonner l'idée d'un absolu politique ?