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Journée de réflexion / Utopiana et la revue Terrestres – Samedi 19 juin de 14h à 20h

Penser et élaborer un animisme méthodologique pour pratiquer des relations multispécifiques :

Ici: Lien Zoom de l’enregistrement de la journée

Face aux dégradations et aux injustices sociales et environnementales qui bouleversent nos rapports au(x) monde(s) et qui détruisent les conditions de la vie sur Terre, de plus en plus d’expériences et de luttes collectives engagent les corps sensiblement, reconnaissent la singularité des lieux et des paysages et s’ouvrent à des relations avec des êtres autres qu’humains et plus qu’humains.

Un partage du sensible inter-espèces semble être devenu pour certains « une évidence », mais pas pour tous, loin s’en faut. Une méthodologie basée sur le don réciproque, le sentir-penser inter-espèce ou sur un perspectivisme apprenant la réversibilité nature/culture selon le point de vue que l’on incarne, indique un dépassement des rapports sujet/objet, actif/passif (l’animal devenant un être sensible et non plus seulement un bien meuble sous la domination d’un maître-humain), occident/exotisme, et conduit à une reconsidération, au sein même de la tradition occidentale, d’un certain animisme. Celui-ci tient notamment à la reconnaissance d’une capacité subjective ou agentive chez les autres qu’humains qui a conduit, dans le domaine juridique, à l’attribution d’une personnalité aux animaux, aux végétaux ainsi qu’à des fleuves. Si le geste semble à première vue stratégique, il fait signe d’un profond basculement anthropologique et politique qu’il s’agit de penser et d’assumer. Mais sur quel fondement philosophique une telle reconnaissance doit-elle s’appuyer ? En d’autres termes, comment penser les bases d’un animisme contemporain ?

Animisme juridique, animisme anthropologique, animisme politique, autant de termes qui indiquent un déplacement de paradigme entre les Modernes et les Terrestres, entre ceux qui ont désanimé le monde pour constituer des ressources manipulables et substituables (produire/détruire) et du capital indifférencié (mise au travail général des forces/argent sans qualité), et ceux qui cherchent à le ré-animer ou entretenir la flamme des vivants et des morts, des humains et autres qu’humains, des ancêtres et esprits, des forces et puissances terrestres.

Comment habiter une Terre animée ? En quoi un animisme méthodologique1 permettrait-il de réinventer les formes et relations sociales dans une perspective multispécifique ? Quels nouveaux clivages et processus politiques en découleraient ? Quels nouveaux partages ou conflits permettrait-il de penser ? Quelles nouvelles institutions pourrait-il contribuer à faire émerger ?

Table-ronde autour des enjeux de personnification des entités autres qu’humaines, notamment des fleuves à partir de la double expérience de l’Appel du Rhône et du projet de « Parlement de Loire ».

14h-16h30
Introduction à la table ronde et animation : Stefan Kristensen (philosophe)
Intervenant.e.s :

  • Frédéric Pitaval (Appel du Rhône, Lausanne) : L’Appel du Rhône, une mobilisation citoyenne, populaire et transnationale
  • Marie-Pierre Camproux Duffrène (Faculté de droit, Université de Strasbourg) : La représentation juridique de la nature et ses enjeux
  • Sophie Gosselin (philosophe) : De la personnalité juridique à la personnification anthropo-politique : le cas de la Loire


17h-19h30
Discussion plus large sur la question de l’animisme et des enjeux anthropologiques et politiques qu’il soulève.

Animation et introduction : David gé Bartoli (philosophe)
Intervenant.e.s:

  • Geneviève Azam (Terrestres) : D’un animisme méthodologique d’inspiration maussienne à un animisme philosophique :
  • « Accueillir dans notre culture la sensibilité et le lexique de l’animation » avec Val Plumwood.
  • Philippe Roch (écrivain, ancien dir. du WWF Suisse et dir. de l’Office fédéral de l’environnement) : La diversité dans l’Unité
  • Valentin Husson (philosophe): De la cosmétique : ce que l’animisme peut apprendre à l’écologie politique
  • Stefan Kristensen (Faculté des Arts, Université de Strasbourg / Utopiana) : Pourquoi (et comment) devenir indigènes ?

Notes

  1. Nous reprenons l’expression « animisme méthodologique » à Alain Caillé, Revue du Mauss n° 42, « Que donne la nature ? L’écologie par le don », La découverte, 2013.[]