Survivant d’un peuple massacré par la colonisation, Ailton Krenak est devenu un acteur de premier plan du réveil politique des peuples autochtones du Brésil à partir de la fin des années 1970. Dans "Futur ancestral" et "Le Réveil des peuples de la Terre", il revient sur la naissance de l’Alliance des peuples de la forêt qui a permis de résister à la colonisation de l'Amazonie.
Chaque jour, la pression mortifère des multinationales se renforce, y compris sur des espaces encore préservés. Au Brésil, le bassin amazonien et ses régions périphériques sont en proie à une déforestation massive. Place à la culture de soja, à l’élevage de bovins et aux pollutions récurrentes générées par l’extraction minière, aux dépens de la biodiversité et de la survie des communautés locales.
Dans "Neutraliser le système techno-industriel", second tome de son "Histoire du sabotage", Victor Cachard part de la première guerre mondiale pour identifier les différents courants de cette stratégie politique aux mille nuances de résistance. Au-delà des époques et des tendances, colonisé·es, autonomes, intellos ou écolos s’accordent sur ce principe essentiel : face aux systèmes industriels aliénants, détruire c’est se défendre.
Les conséquences des expérimentations nucléaires en Ma’ohi Nui (Polynésie) sont irréversibles : les terres, la mer et les vies sont contaminées à perpétuité. Il faut pourtant les assumer. Mais comment réparer l’irréparable ? En commençant par se tourner vers les luttes antinucléaires, anticoloniales et féministes, suggère Léna Silberzahn dans cet essai sur l’héritage du nucléaire.
Les expérimentations nucléaires françaises en Ma’ohi Nui (Polynésie) ont rendu malades et tué des milliers de travailleurs polynésiens, appelés et militaires de métropole. Par effet ricochet, ils ont aussi atteint les épouses et les enfants, pourtant éloigné·es de Tahiti. Naïké Desquesnes a enquêté sur le long combat mené par les veuves de la métropole dans l’ombre de la bombe et de sa raison d’État.
Lorsque la France annonce la reprise des essais nucléaires en Ma’ohi Nui (Polynésie) en 1995, Tahiti s’enflamme et le monde se mobilise. Quelques mois plus tard, c’est la fin… sauf pour les victimes des retombées atomiques des 193 bombes explosées dans l’archipel. Hinamoeura Morgant-Cross est l’une d’elles. Militante indépendantiste et anti-nucléaire, elle raconte son combat difficile pour la justice et le soin en contexte colonial.
Il y a nos mouvements et nos gestes. Et puis il y a les “mouvementements”, ainsi que la philosophe et artiste Emma Bigé appelle ces “mouvements internes qui ne se décrètent pas” tels que le maintien du corps ou la respiration. Comment sentir et penser ces mouvementements ? Pourraient-ils permettre de subvertir l’ordre existant ? Exploration de leurs multiples dimensions politiques.
“Dans quoi me suis-je embarqué·e ?”, s’est-on demandé la première fois qu’on y est allé. Et puis on n’a cessé d’y revenir, on y a même habité. Et quand on était loin, on brûlait d’y aller. De l’initiation politique à la violence des expulsions en passant par les chantiers ou les fêtes, extraits d'un récit à huit voix sur la zad de Notre-Dame-des-Landes, aussi captivant que beau.
En juin 2024, pour fêter son centenaire, la multinationale TotalEnergies a organisé un grand colloque historique et international dans sa tour de la Défense. Si l’on en croit ce reportage in situ, qui nous a été transmis par un participant, la mémoire y était encore bien plus sélective que les poubelles de tri qui trônaient dans les couloirs. Voyage de l’autre côté du miroir de la transition.
C’est un matériau emblématique des Trente glorieuses : le Formica, formidable plastique des cuisines modernes. Mais dans le village d’Aude où se trouvait l’usine, formol et phénol, des produits toxiques pas du tout fantastiques, ont laissé des traces dans les corps des ouvrier·es et les rivières de la région. Récit d’un débordement industriel méconnu au royaume des truites fario.
Si toute l’architecture est une architecture de l’Holocène, comment inventer l’architecture de l’Anthropocène ? Pour répondre à cette question, la philosophe australienne McKenzie Wark effectue un étonnant détour par… les plages du débarquement de Normandie. Auprès de Bernal, un scientifique aussi singulier qu’inventif, on apprend que les accidents expérimentaux seraient peut-être la clé pour concevoir les bâtiments des temps troublés à venir.
L’OFB, agence chargée de faire appliquer les règlementations environnementales, est l’objet d’attaques violentes et répétées de la part des agriculteurs et du gouvernement. Un effet du contexte actuel de grand recul écologique ? Le problème est plus vaste, expliquent la sociologue Yannick Sencébé et l’historien François Jarrige : la politique agricole française contribue à la production systémique de l’impunité environnementale.
Il n’y a pas « une » mais « des » pensées décoloniales. Selon les auteurices du livre « Critique de la raison décoloniale », un courant en particulier, né dans les universités étasuniennes et influent sur le continent américain, s’accapare toutefois le domaine. La sortie de l’ouvrage en français est l’occasion pour l’historien Jérôme Baschet d’identifier les nœuds de cette controverse et d’appeler à un débat plus ample.