Dans la tourmente du covid-19, nous prenons légitimement la défense des personnels soignants et du système de soin, contre la dynamique néolibérale de destruction de la Santé comme service public et bien commun, enclenchée depuis une vingtaine d’années. Pourtant, n’est-il pas important, vital même, que cet événement considérable rende aussi possible un questionnement sur le monopole d’une médecine moderne dont la rationalité et l’« efficacité » toujours vantées, sont néanmoins solidaires d’un système de vie profondément pathogène ?
Il y a près de 50 ans, Ivan Illich posait dans Némésis médicale une question simple et plus que jamais d’actualité : celle de la contre-productivité de l’institution médicale moderne. Cette médecine entretient une promesse générale de « guérison » plus que de santé et de prévention. Elle se fonde sur une coupure profonde entre le corps médical qui sait, prescrit et « prend en charge », et le « patient », hétéronome, nu et passif face au traitement. Mais cette promesse de guérison, cette quête de nouveaux traitements et vaccins n’est-elle pas vaine et sans fin, dès lors qu’elle s’avère profondément solidaire d’un système de vie industrialisé qui génère constitutivement des maladies et des nuisances nouvelles, liées aux pesticides, aux perturbateurs endocriniens, aux polluants chimiques disséminés partout, à la pollution de l’air, mais aussi à la déforestation, au braconnage d’espèces sauvages et à l’agrobusiness ?
De fait, aucun autre horizon collectif de soin n’a encore surgi dans le débat autour de l’événement du covid-19. Notamment, aucune place positive n’aura été accordée, du moins dans l’information « grand public », aux visions, propositions et solutions des médecines dites alternatives. Or, ces autres médecines, associant plantes médicinales, travail de long terme de renforcement de notre système immunitaire et souci pour l’alimentation, sont plus enclines à penser des techniques de soin reliant les humains et leurs milieux de vie, à concevoir l’individu comme un foyer de relations, dont la santé dépend de la qualité même de ces relations. La médecine et la santé, ici, ne sont alors plus dissociables de la forme de vie que nous menons et des relations que nous entretenons avec notre milieu.
En compagnie de Thierry Thévenin et Lilian Ceballos nous allons essayer de comprendre comment et pourquoi défendre une médecine terrestre. Renouant avec un pan de l’écologie politique des années 1970 s’interrogeant sur les conditions et les institutions du soin, nous essayons de saisir cet événement planétaire du covid-19 pour ne pas seulement en appeler à plus de moyens pour la médecine telle qu’elle se pratique dans nos sociétés industrialisées, mais aussi pour mettre en discussion les limites constitutives de cette médecine-là et poser le problème de l’unité complexe du soin des humains et du soin des milieux de vie.
Lilian Ceballos est docteur en pharmacie, enseigne la phytothérapie, l’apithérapie, l’aromathérapie et la gemmothérapie à l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales et à l’Institut Hildegardien.
Thierry Thévenin est auteur, conférencier, enseignant, paysan-herboriste dans la montagne Limousine et porte-parole du Syndicat des S.I.M.P.L.E.S.
Entretien réalisé par Antoine Chopot.
La conception de l’humain propre à la médecine moderne semble combiner à la fois une vision individuelle et chimique du soin (traitant le patient comme une unité autonome et cherchant à agir directement sur des symptômes) et une vision populationnelle et statistique de la gestion des maladies (s’appliquant à une masse vivante humaine dotée de propriétés objectivables, de constantes sur lesquelles on peut agir par l’environnement, le confinement, etc.). Cette conception moderne de la médecine est-elle adaptée pour répondre aux problèmes sanitaires, écologiques et politiques que posent une pandémie comme celle du covid-19 ? Notamment, la métaphore de la guerre employée par Emmanuel Macron et son gouvernement, jouant implicitement sur l’opposition du soi et du non-soi, et mobilisant l’image du traitement comme arme, vous paraît-elle appropriée ?
Lilian Ceballos : La médecine, comme la science en général, procèdent d’une vision philosophique moderne qui remonte à Descartes (et aussi Bacon). Confronté au monde matériel, Descartes déploie le programme scientifique qui consiste « à se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». D’innombrables termes médicaux montrent bien cette tendance à penser en termes d’antagonisme irréductible : ainsi, la médecine utilise des antibiotiques, anti-inflammatoires, antispasmodiques, antidiabétiques… Si ces métaphores guerrières ne correspondent pas à la réalité biologique, il faut admettre que la nécessité de penser la vie peut exiger ces pôles antagonistes (vie/mort, soi/non soi…). Cette vision de la vie, certes faussée dans le sens d’une lutte incessante, a néanmoins le mérite de parler à tous. En ce qui concerne la lutte contre l’épidémie, le confinement a été incontournable tout au long de l’histoire, même si l’objectif de ce confinement aujourd’hui est d’éviter la saturation du système hospitalier. Je n’accablerais donc pas la communication du gouvernement sur ce point.
Thierry Thévenin : Cette métaphore de la guerre contre « l’autre » me paraît pour ma part tout à fait explicite de la compréhension absolument erronée du vivant de la part de la classe politique et des institutions sanitaires qui sont actuellement aux manettes du pouvoir sur la quasi-totalité de la planète. Elle est la continuation logique et entêtée d’une attitude guerrière, de conquête, de lutte permanente qui s’opère depuis des siècles contre ce qu’on appelle la nature. Depuis des siècles la plupart des civilisations urbaines nous promettent d’éliminer ou de contrôler à peu près toutes ses manifestations « dérangeantes » : fauves, microbes, crues, friches, parasites, ou que sais-je encore.
Cette métaphore de la guerre contre le covid-19 est évidemment stupide du point de vue de la réalité de la biologie et du vivant. Elle témoigne d’un point de vue « hors-sol » et déconnecté des lois élémentaires de la vie. Il ne s’agit pas d’une guerre. Les virus seraient apparus dans la « soupe primordiale » il y a entre 3 et 4 milliards d’années. Peut-être même seraient-ils une branche distincte des formes traditionnellement admises comme constituant le vivant. Ils n’ont jamais été « l’ennemi » pour les espèces vivantes. Nous en fréquentons des multitudes quotidiennement, ils font partie de notre écosystème interne à part entière. Le corps d’un homme adulte sain abrite plus de trois mille milliards de virus ! La plupart permettant de réguler la prolifération des bactéries qui pourrait affecter nos muqueuses ou notre intestin.
Le coronavirus SARS-CoV-2 est en train de muter au contact de notre système immunitaire, lequel est en train de rechercher à s’adapter à sa présence. Cette situation génère effectivement provisoirement un conflit évolutif, mais la finalité est à moyen terme celle de la cohabitation pacifique, celle de l’évolution de la vie car « le propre d’un virus n’est pas d’être pathogène, ou en conflit permanent avec ses hôtes. »1
Si monsieur Macron, l’OMS et consort souhaitent vraiment déclarer la guerre à un ennemi qui nous menacerait, il s’agirait alors vraiment d’une drôle de guerre, il s’agirait en réalité de la guerre contre nous-même, contre nous qui avons permis et favorisé la propagation incontrôlable de cette pandémie. Il s’agirait de faire la guerre à la destruction, l’intrusion, l’artificialisation, la prédation, de toutes les régions du globe, de faire la guerre à la croissance folle de l’extractivisme, du commerce, de la déforestation, de l’urbanisation, des voyages aériens, du bricolage incessant de la vie…
De nouveaux paradigmes de la santé émergent depuis une vingtaine d’année, comme le modèle One Health2 promu par l’ONU, qui repense la santé depuis la triade humains-animaux-environnements, aux échelles locales, nationales et transnationales. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce modèle ? Quelles sont, de votre côté, les voies qui vous semblent crédibles pour repenser une unité complexe entre soin des humains et soin des êtres vivants ?
Lilian Ceballos : Le concept de One health, qu’on pourrait traduire par « Santé globale », se réfère à une approche unifiée de la santé au niveau humain et vétérinaire. L’épidémiologie des zoonoses (maladies transmises par les animaux) montrent comment les humains, le bétail, la faune sauvage et l’écologie interagissent dans le développement de la maladie, et ce à toutes les échelles, du local au global. Il s’ensuit qu’un contrôle efficace de ces épidémies repose sur cette vision écologique globale : l’interaction de facteurs locaux et globaux détermine l’évolution de l’épidémie, même si ces facteurs ne sont pas toujours élucidés. Vous comprenez donc que l’épidémiologie des zoonoses est un domaine d’application idéal de cette approche. En fait, le ralentissement économique et la nette amélioration des pollutions atmosphériques montrent assez l’intrication des facteurs locaux et globaux dans la réponse du vivant aux déséquilibres que l’on crée : si la mortalité virale est élevée pendant la crise, la mortalité liée aux pollutions diverses chute en conséquence de cette amélioration atmosphérique. Et bien sûr, tout cela affecte les grands cycles biogéochimiques qui influencent l’évolution du climat.
En tant qu’écologue, le maintien d’écosystèmes diversifiés et connectés est capital à l’émergence de régulations écosystémiques qui fournissent à l’humanité ce que les économistes appellent « les services écosystémiques », à savoir régulation du climat, des maladies, contrôle biologique, filtration de l’eau par les roches, création de fertilité naturelle par recyclage de la matière organique… En fait, ce que l’homme moderne découvre, c’est que toutes ses activités économiques et productives reposent sur ce fonctionnement des écosystèmes que les économistes considèrent comme un « service » : en clair, l’homme ne peut créer de valeur sans la participation de la vie.
Thierry Thévenin : Une phrase d’Aldo Leopold me vient immédiatement à l’esprit pour illustrer cette notion de One Health : « Lorsque nous entendons [l’appel de la grue], ce n’est pas un simple oiseau que nous entendons, mais la trompette de l’orchestre de l’évolution. » Nous sommes nous-même une parcelle animale, prodigieuse et fugace de cet incroyable orchestre. Nous ne pouvons penser être en bonne santé, physique ou mentale en détruisant comme nous le faisons actuellement peu à peu la quasi-totalité de la diversité biologique. Je crois que si nous acceptons cette fugacité de notre espèce, notre mortalité individuelle et collective alors nous pouvons (re)trouver une dynamique de santé positive. Actuellement nous cherchons à prioriser une santé humaine, voire une santé individuelle, si possible éternelle. Cela entraîne des pollutions et des déséquilibres environnementaux grandissants, cela génère une tension sanitaire sans cesse accrue, comme une espèce de fuite en avant où chaque tentative de résoudre ou de régler un problème sanitaire crée toujours plus de nouveaux problèmes, toujours plus épineux. Je suis convaincu que si je fais tout ce que je peux pour prendre soin de mon environnement et de mes semblables, de les préserver, de respecter leur espace, leurs besoins et leurs limites, j’en serai également le bénéficiaire.
Personnellement, c’est le chemin que je m’efforce de poursuivre dans mon jardin, sur mes lieux de cueillette ainsi que dans toutes les situations auprès des personnes que je côtoie. Avant même que de proposer un remède pour la santé, puisque c’est mon métier, la façon dont je procède en termes de production, de cueillette, de transformation, de commercialisation ou de transmission de savoirs et de savoir-faire est pensée, est voulue pour l’économie (au sens noble du terme) et le respect du monde vivant, dont je suis une toute petite parcelle d’expression.
Ajuster sa prédation, réévaluer ses propres besoins, réduire son impact écologique, ses pollutions, sa consommation énergétique, observer, accompagner ou soutenir la dynamique des organismes (jardin, corps, rivière, arbres, insectes, « mauvaises herbes », etc.), apprendre, chercher, se questionner pour comprendre : les voies pour la santé « One Health » sont absolument passionnantes et fascinantes. Elles peuvent procurer beaucoup de joie et d’émerveillement qui sont sans doute les principaux moteurs de la santé.
On entend parler ici et là de personnes atteintes du coronavirus ayant pu s’aider des vertus des plantes pour se soigner… Madagascar propose un traitement à base d’Armoise annuelle. Est-il possible de soigner des virus émergents du type SARS-CoV-2, et donc inconnus des humains jusqu’ici, avec des plantes ou des remèdes anciens, et si oui, lesquels ?
Lilian Ceballos : Cela pose tout d’abord la question de la communication gouvernementale et médicale à propos du confinement. Certes, ce virus est nouveau et le tableau clinique ne correspond pas aux autres coronavirus, il est délicat d’affirmer l’efficacité d’un traitement avec si peu d’éléments. Cependant, il est clair qu’experts et politiques ont affirmé sans éléments de preuve, que tous les compléments alimentaires (y compris plantes médicinales et huiles essentielles) pouvaient présenter des risques et devaient donc être exclus – mais pas le paracétamol qui est pourtant hépatotoxique, c’est-à-dire toxique pour le foie !
D’éminents médecins, surement experts dans leur domaine, osent affirmer qu’il n’y a pas d’Huiles essentielles antivirales, alors que les publications qui montrent l’efficacité des huiles essentielles dans les pathologies virales sont innombrables et confortées par la clinique. Je rappelle que le cursus des études médicales et pharmaceutiques ne contient pas de cours d’aromathérapie (le soin par les huiles essentielles extraites des plantes médicinales, ndlr) : je n’ai ainsi étudié les substances volatiles des plantes qu’en poursuivant la pharmacie par une thèse de recherche, alors qu’aucun cours ne nous avait présenté l’aromathérapie…
Madagascar étudie un traitement à base d’armoise, mais aussi d’huiles essentielles comme le ravintsara, l’eucalyptus radié, le saro, le laurier noble, etc., mais nos chercheurs se gaussent car l’étude ne respecte pas les critères en double aveugle (une démarche expérimentale utilisée dans de nombreuses disciplines de recherche, ndlr). J’apprendrais peut-être à ces critiques que le Prix Nobel de Médecine a été attribué en 2015 à trois chercheurs asiatiques pour leurs travaux sur l’armoise. Et puis, confronté à l’épidémie, les autorités ont choisi de traiter tout le monde à l’armoise – mais qui leur reprocherait vu le dénuement de ce pays ? Qui, parmi les médecins occidentaux critiques de ce traitement, leur offrirait des traitements hors de prix ? Ils utilisent les ressources végétales de leur pays, en effectuant un suivi médical du traitement et, même si cela ne constitue pas une preuve, que diraient les critiques si l’évolution de la maladie était clairement améliorée par le traitement ? On parle peu aussi d’une étude américaine qui compare plusieurs traitements (hydroxychloroquine, azithromycine, ritonavir et miel)3 : nos médecins et politiques critiqueront-ils l’inclusion du miel seul comme traitement ? Traiteront-ils les chercheurs qui ont conçu l’étude d’hurluberlus ? De pseudo-scientifiques ?
Thierry Thévenin : Je me répète mais pour ma part ces virus émergents sont en fait très anciens ou bien éventuellement peut-être fabriqués à partir d’éléments naturels extrêmement anciens : je ne vois donc aucune raison à ce qu’il ne pourrait exister des substances végétales ou des remèdes anciens qui puissent aider notre organisme à surmonter les problèmes suscités par la rencontre de nos cellules avec ce virus. Dès le début de l’épidémie en Chine, les chercheurs ont cherché des solutions dans la pharmacopée traditionnelle. Des plantes comme la renouée du Japon (Reynoutria japonica) ou l’armoise annuelle (Artemisia annua) ont été testées avec des résultats positifs. Pour cette dernière c’est sûrement cela qui a motivé la république de Madagascar à l’utiliser. L’Allemagne semble aussi la tester actuellement. Je n’hésiterais pas une seconde à tenter leur infusion si je tombais malade. Ces deux remèdes-là sont utilisés depuis des siècles en Asie et ne présentent pas de danger en infusion aux doses usuelles, s’ils ont été cueillis ou cultivés dans des sites non pollués.
J’ajouterais que nous avons en France un problème idéologique, d’origine historique et corporatiste qui nous empêche malheureusement de faire des recherches sur les plantes médicinales sous leur forme simple. L’association La Maison de l’Artemisia a demandé en vain aux autorités françaises de procéder à des essais, des hôpitaux reconnus qui étaient intéressés ont semble-t-il été contraints de se rétracter. L’armoise annuelle et la renouée du Japon sont des espèces très communes, voire envahissantes en France, c’est tout de même affligeant de ne même pas pouvoir tester ces plantes pour des raisons purement idéologiques ! En matière de plantes, dans notre pays, c’est la politique du « ni faire ni laisser faire ».
On entend quasiment pas parler de soin par les plantes pour le covid-19 : comment expliquer le rejet quasi unanime de la phytothérapie dans les médias dominants, notamment dans le cas des huiles essentielles ? « Pas de preuves scientifiques d’une efficacité contre les virus », a-t-on pu entendre un soir dans le 20 heures de France 2… Cette affirmation vous paraît-elle fondée ? N’y a-t-il pas un nombre considérables d’études scientifiques démontrant l’efficacité des plantes ? Ce rejet massif ne montre-t-il pas que l’événement covid-19 pourrait aussi être le théâtre d’une guerre silencieuse des médecines, où pourrait se jouer un affrontement entre des visions du soin divergentes ?
Lilian Ceballos : J’ai abordé plus haut les preuves scientifiques de l’efficacité de l’aromathérapie, mais aussi apithérapie (miel) et plus généralement phytothérapie. Je ne crois pas utile de répondre à des journalistes plus ou moins ignorants et plus généralement à des discours de mauvaise foi : la majorité des médias sont sous la coupe de la bourse, y chercher une réponse objective au sens scientifique est franchement naïf. Par contre, les questions que vous soulevez sont présentes dans la population française et se poseront ouvertement tôt ou tard. L’attitude gouvernementale et médicale de défiance envers les médecines alternatives n’est pas nouvelle en France, alors qu’aux États-Unis, la médecine intégrative est enseignée dans les universités (le terme médecine intégrative désigne le recours simultané à la médecine conventionnelle et aux médecines alternatives complémentaires – médecine traditionnelle chinoise, homéopathie, ostéopathie, phyto-aromathérapie, ayurveda… – dans le suivi d’un patient. Le terme est apparu dans les années 1990 aux États-Unis et au Canada, des programmes évaluent l’intérêt de cette intégration dans la politique de santé, ndlr). À quoi tient cette particularité française ? Peut-être au cartésianisme ou à une formation médicale qui exclue la phytothérapie ? Vous noterez aussi que l’industrie pharmaceutique française a délocalisé toute la fabrication des substances actives, alors que les allemands ont conservé des capacités de production.
Thierry Thévenin : C’est une bataille ancienne et récurrente contre l’usage de la plante sous sa forme naturelle. Une plante médicinale n’acquiert son « visa scientifique » que lorsqu’elle a été extraite et produite sous une forme standardisée. Cette bataille de la « science » contre l’empirisme existe en pharmacie depuis le début du XIXe siècle, époque à laquelle les premières molécules sont isolées (morphine, digitaline, etc.).
Les pharmaciens du XIXe siècle, les « apôtres de la nouvelle chimie »4 inaugurent un vaste mouvement de discrédit des « simples » (nom donné au Moyen Âge aux plantes médicinales, ndlr), des « remèdes de bonne-femme », disqualification qui se poursuit aujourd’hui notamment au niveau de l’Académie nationale de pharmacie et de médecine et des Conseils ordinaux des médecins et des pharmaciens. Ces derniers n’ont pas hésité à qualifier les herboristes de « perte de chance » pour la santé des français lors de leur audition au Sénat5 sur la question du métier et des plantes médicinales !
Malgré le retour massif de la société civile vers les plantes médicinales, malgré les nombreuses recherches et publications scientifiques à travers le monde qui démontrent leur intérêt pour la santé, les institutions médicales sont absolument braquées et entêtées. Elles ont une posture de blocage qui est un déni contre-productif pour l’essor d’une pratique saine et sûre des plantes. Cette guerre corporatiste et idéologique contre les simples et les herboristes est effectivement manifeste dans la majorité des médias et des discours officiels.
Si les plantes médicinales, le travail de long terme sur l’alimentation ainsi que le renforcement de l’immunité sont des voies incontournables, une solution par les plantes et les médecines alternatives est-elle néanmoins généralisable à une plus large échelle, sans changer de nature ? C’est-à-dire sans que le soin par les plantes ne devienne une marchandise parmi d’autres sur le marché de la santé, qui rend dépendant à des systèmes hors de contrôle et destructeur des savoirs plus autonomisants ?
Lilian Ceballos : Justement, une solution phytothérapique n’est pas généralisable, et c’est son intérêt : la phytothérapie est une médecine de terrain qui considère le patient comme un individu unique. Cette approche individualisée vise à réveiller les capacités auto-réparatrices de l’organisme et à améliorer l’évolution pathologique puisque le terrain qui favorisait la pathologie est modifié par le traitement phytothérapique, contrairement à l’approche allopathique. La prise d’antibiotique lors d’infections récidivantes ne modifie pas le terrain, ce qui se traduit par une récurrence de la pathologie. Par ailleurs, la perturbation des flores commensales (les micro-organismes vivant en relation avec les humains, ndlr) par le traitement antibiotique dégrade le terrain et favorise l’installation de pathogènes jusque-là contenus.
Je crois aussi que la crise va provoquer une relocalisation des activités, avec un maintien de solidarités locales. Cette relocalisation est capitale pour la phytothérapie : par exemple, l’importation massive d’Harpagophytum depuis l’étranger (l’une des plantes les plus prescrites contre l’inflammation et les articulations douloureuses, ndlr) met en danger une ressource phytothérapique, détruit des écosystèmes fragiles et crée des biais économiques qui ne favorise que les circuits commerciaux, et pas les producteurs locaux6. La surexploitation d’une ressource végétale est un problème récurrent : dès qu’une étude montre l’efficacité d’un traitement, la commercialisation effrénée qui s’ensuit met la ressource végétale en danger de disparition. Rappelons d’ailleurs qu’une des 5 causes majeures de réduction de la biodiversité est justement la surexploitation des milieux naturels. Dans mon enseignement, je rappelle à mon public que la flore française est riche de plantes antirhumatismales déjà cultivées ou récoltés par des producteurs locaux. J’y vois une chance de développement d’activité durable à l’échelle locale, et je pense que les maires et les institutions locales soutiendront l’émergence d’une économie locale respectueuse des terroirs géographiques.
Thierry Thévenin : Là vous touchez à l’enjeu crucial pour l’avenir de la phytothérapie. Il faut changer notre attitude consumériste et passive qui prévaut aujourd’hui en matière de santé sous peine d’épuiser rapidement la ressource et de retomber dans une posture de dépendance délétère vis-à-vis des prescripteurs et des distributeurs. Effectivement, l’industrie des compléments alimentaires génère une énorme pression sur certaines espèces (Rhodiola sp., Harpagophytum…) et sur les écosystèmes de certaines régions du monde (notamment les contreforts de l’Himalaya). Certains grands laboratoires pharmaceutiques ont beaucoup investi le secteur et reproduisent un système économique et commercial très agressif. Les plantes sont préconisées sous des formes standardisées, voire brevetées ; on invite volontier le consommateur à ne pas les consommer sous leurs formes simples (et accessibles), réputées incertaines voire risquées.
Au-delà de cette appropriation monopolistique grossière et inacceptable, l’industrialisation et la marchandisation outrancière de la filière des plantes médicinales est globalement et intrinsèquement négative, c’est un écueil à éviter.
La réinvention du soin aujourd’hui se joue peut-être dans la recherche d’une alliance entre une médecine moderne réformée (moins médicamenteuse, plus centrée sur le soin, plus autogestionnaire et moins hiérarchique, remettant en cause la conception d’un corps nu, objectivable, sans âme) et un développement puissant des médecines alternatives. Mais pour arriver à cela, ne faut-il pas déjà s’attaquer aux inégalités massives dans l’accès aux médecines alternatives (prix, connaissances, etc.) et réussir à ne pas les enfermer dans une pratique élitiste de gens qui ont de l’argent et un capital culturel élevé ? Comment repenser une médecine alternative égalitaire et accessible à tous dans un contexte d’inégalités sociales profondes ?
Lilian Ceballos : J’ai parlé plus haut de médecine intégrative, que j’appelle de mes vœux : en fait, mon enseignement de phytothérapie déborde toujours sur la nutrition car il est impossible de penser un corps sain sans s’intéresser à tous les facteurs qui produisent cet état de santé. Mais se pose le problème d’accès inégal à ces médecines alternatives que vous soulevez : les traitements phytothérapiques ne sont pas remboursés, ce qui crée une injustice devant la maladie. Mais on pourrait imaginer qu’à rebours des décisions économiques qui ont abouti au déremboursement de l’homéopathie, les économistes s’ouvrent enfin à l’intelligence et comprennent qu’en matière de santé, une dépense peut protéger de dépenses futures. Une épidémie virale est un excellent exemple : le plus ultra-libéral des économistes comprend que ne pas traiter des cas viraux sous prétexte d’économie aboutit à une catastrophe puisqu’en maintenant des foyers infectieux, la prévalence épidémique est accrue, ainsi que le coût global de la crise.
Une médecine intégrative qui serait le lieu d’un dialogue entre médecins, pharmacologues, herboristes, producteurs et patients… aurait l’énorme avantage de rapprocher les points de vue de ces soignants et de permettre l’émergence d’une médecine plus « holiste »7 dans l’intérêt du patient. Une telle médecine améliorerait profondément l’état sanitaire de la population par une meilleure prise en charge des patients qui se traduit par une iatrogénie réduite (les conséquences néfastes sur la santé issues de pratiques médicales, ndlr), un état nutritionnel amélioré… Si l’état sanitaire de la population est amélioré, cela signifie une réduction importante des frais de santé : il s’agit là d’un investissement stratégique pour l’avenir que les gouvernements pourraient justifier envers les peuples. Si vous pensez à l’état sanitaire de la population américaine souvent obèse (40%), une réduction significative des pathologies associées (hypertension, diabète…) suffirait à financer des investissements massifs par l’allégement de la dette, tout en améliorant aussi l’état de santé et la vie des citoyens.
Thierry Thévenin : Répondre à cette question relève d’abord d’un choix politique. On subventionne par milliards Air France, Renault et Peugeot, par centaines de millions la Fnac et Darty, on investit des millions dans des drones, des gaz lacrymogènes (et des masques ?), mais quid des médecines alternatives et de ses filières de production ? Je suis en colère alors je caricature, mais sérieusement, on soutient massivement les cultures industrielles telles que le maïs (25% des surfaces de grande culture en France), et il n’y a rien, zéro pour la production des plantes médicinales, on rembourse des médicaments à des prix vertigineux dont le montant et même l’utilité sanitaire semble parfois très difficiles à justifier, alors qu’on freine législativement l’essor des plantes, qu’on dérembourse l’homéopathie (après avoir déremboursé la phytothérapie en 1990).
Il y a une politique générale de santé qui depuis 1941 et la suppression des herboristes n’a jamais cessé de repousser les médecines alternatives vers la marginalité de fait dans une certaine forme d’élitisme. Ce n’est pas du tout une fatalité, ni une particularité du « soin naturel ». Les herboristes d’avant-guerre s’adressaient justement aux classes populaires les plus modestes. De plus, dans les années 1930, les premières assurances sociales prévoyaient de rembourser les tisanes comme les cachets du pharmacien lorsqu’elles étaient prescrites par un médecin.
Ceci dit, en vente directe, je vends des plantes à des personnes très modestes. On peut soulager bien des petits maux, soutenir les fonctions naturelles de son organisme (sommeil, digestion, drainage, etc.) avec peu de moyens. Un sachet de tisane à 5 euros permet de faire une cure pendant deux semaines qui apportera à coup sûr un mieux être profitable. Beaucoup de plantes sont accessibles dans l’environnement proche de beaucoup de gens en dehors des grandes mégapoles. Par ailleurs, je crois que ces dernières provoquent de l’inaccessibilité et sont inégalitaires par nature, au moins en termes de ressources environnementales.
Quant à la culture pour tous des médecines alternatives, on pourrait suivre les recommandations de la Mission d’information du Sénat portée en 2018 par le sénateur Joel Labbé, pour le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales8, comme promouvoir une démarche en faveur de l’inscription des connaissances et des savoir-faire liés à la culture et à l’usage traditionnels des plantes médicinales sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, développer la recherche et les formations en ethnobotanique, ethnomédecine et ethnopharmacologie, créer des jardins botaniques éducatifs dans les écoles, etc.
En un mot, on pourrait relancer par une politique volontariste la culture du « soin naturel » dans notre pays plutôt que de la confiner dans un no man’s land qui s’apparente à une quasi clandestinité. Dans le même rapport de la mission du Sénat, on peut apprendre que nous sommes capables d’accepter de telles pratiques à large échelle dans certains territoires de la République sans que cela semble provoquer une quelconque catastrophe humanitaire : « Les acteurs entendus ont relevé que les jeunes générations se réapproprient ces traditions. Comme l’a indiqué le président de l’association pour la promotion des plantes aromatiques et médicinales de La Réunion, près de 87 % de la population de l’île utilise les plantes médicinales, deux fois plus que dans l’hexagone. Plus généralement, la connaissance des usages et vertus des plantes serait plus répandue dans les outre-mer que dans le reste de la population française et très avancée au sein de certaines populations autochtones. »9 D’une manière générale, ces connaissances seraient partagées par environ 50% de la population dans les régions ultramarines (comme cela était le cas dans le reste de la population française à la fin du XIXème siècle).
Une politique qui encourage l’enseignement, l’éducation et l’autonomie pour le développement des soins naturels pourrait sans doute même à terme être une véritable réponse aux inégalités sociales et sanitaires. La crise actuelle du Covid-19 nous montre que le pouvoir politique est tout à fait capable de prendre des décisions immédiates et extrêmement fortes, même lorsqu’elles vont à l’encontre de la sacro-sainte loi du marché. Le gouvernement pourrait tout à fait s’inspirer d’une récente tribune de l’Académie nationale d’agriculture, qui expose pour l’alimentation un scénario alternatif en se fondant sur le triptyque de la durabilité : équité, environnement, économie.
Ce modèle qualifié de « système alimentaire territorialisé » (SAT) implique des évolutions du comportement des consommateurs et du modèle de production. Dans le scénario SAT, le changement est mis en œuvre selon 3 principes interdépendants : l’autonomie, la proximité et la solidarité. Les SAT mettent en action une triple proximité : entre productions agricoles végétales, animales et la forêt dans le cadre d’un écosystème local, la diversification des espèces cultivées et élevées contribuant à la résilience de l’agro-écosystème et à la réduction des intrants ; entre matières premières et transformation agroalimentaire par la formation de réseaux contractuels, favorables au partage de la valeur et à l’innovation ; entre producteurs et consommateurs par des circuits courts de commercialisation.
Ce scénario implique des politiques volontaristes considérant l’alimentation comme un « bien commun devant dès lors être régulé par la puissance publique dans une perspective démocratique ». 10. C’est exactement ce qui me semble souhaitable sans plus attendre pour l’émergence d’une médecine alternative, médecine attendue par la grande majorité des françaises et des français.
Comment concilier médecine par les plantes et disponibilité des soins alternatifs pour tous ? Notamment, comment avoir de la propolis « pour tous » sans pressuriser encore plus les abeilles fragilisées par l’agriculture industrielle ? Au final, un service public de santé pourrait-il exister en dehors du cadre d’abondance matérielle et énergétique qui est le nôtre aujourd’hui, dont on sait désormais qu’il est insoutenable ?
Lilian Ceballos : Certaines ressources naturelles peuvent être rares et cela pose la question d’un approvisionnement garanti au meilleur prix pour le patient. Si l’on imagine une évolution de la médecine dans le sens d’une approche intégrative, les autorités locales pourrait favoriser le développement de plans de rapprochement entre professions médicales, producteurs de plantes médicinales, distillateurs… Il est assez simple de concevoir des projets durables qui mélangent récoltes naturelles et cultures, tout en préservant le milieu naturel et tout en offrant un débouché économique pour les agriculteurs. Une même ferme menée en agro-écologie paysanne peut assurer en même temps la souveraineté alimentaire, mais aussi l’autonomie sanitaire et en plus, améliorer le fonctionnement de l’écosystème et les capacités de l’environnement.
En conclusion, je dirais qu’il me semble que l’échelon local est le plus pertinent pour développer de manière durable un système économe en énergie et en externalités (réduction de la pollution et des transports). Et cela correspond à l’évolution nécessaire de nos modes de production polluants, délocalisés et dispendieux vers des modes de production durables qui s’enracinent dans un réseau local de compétences et de production. Un mode de production vertueux, non tourné vers le profit mais plutôt vers une mise en valeur durable du milieu, qui constituent le socle sur laquelle des activités humaines peuvent pousser comme les fleurs des champs. En clair, créer un écosystème humain qui s’inscrive dans l’écosystème naturel sans le dénaturer.
Thierry Thévenin : On touche là encore à une question très difficile que nous tentons toujours d’éluder. Il y a deux obstacles principaux à la disponibilité pour tous des soins alternatifs. Notre démographie, et notre mode de vie qui sont absolument débridés depuis la révolution industrielle et qui ont gravement hypothéqué, quand ce n’est déjà épuisé, la plupart des ressources naturelles de la planète11. Il s’agit d’un cercle vicieux, car en même temps que la population se multiplie, les besoins individuels, les exigences en termes de ressources se multiplient également. Ils se multiplient avec des inégalités fortes, certes, mais on sait qu’avec le niveau de vie actuel d’un américain moyen il faudrait environ 9 planètes pour répondre aux besoins de l’humanité toute entière, deux ou trois planètes si tout le monde voulait vivre comme les européens de l’ouest. Et le rêve implicitement vendu par toutes les élites qui gouvernent le monde est celui-là.
Nous sommes en danger d’extinction ; c’est un fait terrible, cruel mais factuel et imparable. Nous ne pouvons pas négocier avec la réalité biologique, nous ne sommes pas dans un jeu vidéo, ou dans une hypothèse mathématique, nous sommes sur une planète à bout de souffle, martyrisée par un modèle de civilisation néolibéral totalement irresponsable et suicidaire. Je ne vois qu’un élan puissant, commun, solidaire et immédiat vers une décroissance générale de notre consommation du vivant pour tenter, s’il n’est pas déjà trop tard, de résoudre l’équation.
Notes
- https://www.lemonde.fr/passeurdesciences/article/2012/05/28/les-humains-sont-apparentes-aux-virus_5986230_5470970.html, Entretien avec Clément Gilbert, chercheur en virologie au laboratoire Écologie et Biologie des interactions (CNRS / Université de Poitiers).[↩]
- https://fr.wikipedia.org/wiki/One_Health[↩]
- « Efficacy of Natural Honey Treatment in Patients With Novel Coronavirus », US National Library of medicine. Https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04323345. Résumé de l’étude : « Le virus SARS CoV-2 se répand globalement, menaçant tous les systèmes de santé. Ces systèmes et organisations emploient différents protocoles et mesures pour lutter contre le COVID-19. L’hydroxychloroquine, le lopinavir et d’autres médicaments antiviraux sont à l’examen. Le miel naturel a été réputé depuis longtemps pour ses propriétés santé dans le diabète, la nutrition, les dyslipidémies, les lésions cutanées et a reçu l’approbation de la FDA pour application topique en 2007 comme le plus puissant produit antimicrobien. Le miel a été préalablement considéré comme une alternative à l’acyclovir dans le traitement du virus de l’herpès (HSV-1) et il a aussi démontré des effets antiviraux importants contre le virus de la varicelle (VZV). De nombreuses études ont démontré le large spectre antimicrobien du miel comme antibactérien, antifongique, antiviral et anti-mycobactérien. Les préconisations du National Institute for Health and Care Excellence (NICE) et du Public Health England (PHE) recommandent le miel comme traitement de première ligne contre les toux aiguës causées par une infection des voies respiratoires supérieures qui est actuellement le symptôme central dans les infections à COVID-19. Par ailleurs, le miel naturel ne devrait plus être utilisé comme “alternative” et mérite de recevoir plus d’attention des scientifiques et chercheurs. Le but de cet essai est d’étudier l’efficacité du miel naturel dans le traitement de patients infectés par le COVID-19 en comparaison avec les soins standard. »[↩]
- Ainsi que Lavoisier avait surnommé M. de Fourcroy, celui qui organisera pour Napoléon 1er leur enseignement et qui encadrera la première édition de la pharmacopée française.[↩]
- Audition conjointe du Dr Carine Wolf-Thal et du Dr Jean-Marcel Mourgues : http://videos.senat.fr/video.759179_5b43e1b2682a0.auditions-sur-l-herboristerie?timecode=4599000[↩]
- Harpagophytum procumbens, la griffe-du-diable, est une plante sauvage qui pousse en Namibie, pays qui a la plus grande ressource en Harpagophytum. Suite à plusieurs études, dont une qui démontrait l’efficacité comparable d’un extrait commercial d’Harpagophytum au Vioxx® (Cf. S Chrubasik, A Model, A Black, S Pollak. A randomized double-blind pilot study comparing Doloteffin and Vioxx in the treatment of low back pain. Clinical Trail Rheumatology (Oxford). 2003 Jan;42(1):141-8. doi: 10.1093/rheumatology/keg053.), l’industrie pharmaceutique s’est précipitée sur l’exploitation du produit, ce qui provoqua une augmentation de 50% de la cueillette entre 2001 et 2002 sans que la plante ne puisse se renouveler. De plus, il faut préciser que c’est la racine qui constitue la partie active : heureusement, le gouvernement namibien, inquiet de la disparition des populations sauvages, a réagi en imposant un encadrement strict de la culture et de la cueillette de l’Harpagophytum (https://www.harpagophytum.info/info/l-harpagophytum-une-plante-menacee-10.php ).[↩]
- « La thérapie holistique est une médecine non-conventionnelle (…) désignant des méthodes qui seraient fondées sur la notion d’un soin apporté en tenant compte de la « globalité de l’être humain » : physique, émotionnel, mental et spirituel, ou corps-esprit et se distingue de la médecine conventionnelle en considérant le patient « comme une personne et non comme un malade » (Wikipedia).[↩]
- Rapport d’information de M. Joël LABBÉ, fait au nom de la Mission d’information pour le développement de l’herboristerie n° 727 (2017-2018) – 25 septembre 2018 http://www.senat.fr/notice-rapport/2017/r17-727-notice.html[↩]
- Ibid, p. 23, http://www.senat.fr/rap/r17-727/r17-7271.pdf[↩]
- Académie d’Agriculture de France – Article Coronavirus et autonomie alimentaire – 2 avril 2020 https://www.academie-agriculture.fr/system/files_force/publications/notes/2020/pandemie-du-coronavirus-et-autonomie-alimentaire-actualite-et-necessite-dune-re-territorialisation/article-coronavirusetautonomiealimentaire.pdf[↩]
- Cf. Communiqué de presse IPBES : « Le dangereux déclin de la nature : Un taux d’extinction des espèces ‘sans précédent’ et qui s’accélère », https://ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr[↩]