Bonnes feuilles – En 1869 et 1880, le géographe et militant anarchiste Élisée Reclus publie deux livres qui seront les plus réédités et traduits du grand savant. Avec Histoire d’un ruisseau et Histoire d’une montagne, Reclus s'adresse au plus grand nombre dans une langue vivante pour décrire la complexité et la beauté de la nature. Cent-cinquante ans plus tard, ces deux textes résonnent aussi comme des récits écologiques. Nous publions la préface de cette réédition.
Il y a un mois, le gouvernement publiait finalement son décret de dissolution des Soulèvements de la Terre. D’un trait de plume, le pouvoir espère avoir fait disparaître ses opposants politiques. Quelle est la nature de ce texte porté par Darmanin ? Yves Citton a mené l’enquête et jette une lumière inédite et pleine d'humour sur la signification de ce décret romanesque. Il apparaît que les griefs formulés à l’encontre du mouvement peuvent être lus comme autant d’éloges.
A l'initiative d’Emmanuel Macron, la dissolution des Soulèvements de la Terre est relancée. Derrière les agitations politiques, quel est le sens de cette coalition inédite de paysans, syndicats, mouvements climat et activistes, désormais portée par 170 comités locaux ? Dans cet entretien, deux compagnons de route du mouvement éclairent son origine, sa dynamique et sa solidité politique après deux années et demie d’existence. Ce dialogue est suivi d’un éclairage, “Pourquoi désarmer l’agro-industrie nantaise ?”, complexifiant la lecture dominante qui a accompagné l’action des Soulèvements le 11 juin dernier.
Alors que plusieurs livres récents mettent en garde contre une tentation écofasciste à venir, le philosophe Fabrice Flipo estime que les fascismes d’aujourd’hui et de demain n’ont rien à voir avec l’écologie politique. Selon lui, la notion d'écofascime repose principalement sur l'analyse de groupuscules sans envergure et dont l'écologisme n'est qu'apparent.
L’écoféminisme est une proposition théorique et politique élaborée depuis près de cinquante ans. Dès les années 1970, Maria Mies et Veronika Bennholdt-Thomsen analysent l'industrialisation comme un vaste processus de destruction de la subsistance. A partir de l’attention à l’ensemble des activités vitales du quotidien, elles relient colonialisme, domination de la nature et des femmes. Ce faisant, elles nous aident à mieux comprendre la domination capitaliste et patriarcale et ouvrent des voies politiques fécondes.
Pour beaucoup, les événements de Sainte-Soline ont laissé des traces durables, sur les corps et dans les âmes. Deux récits de ces événements nous sont parvenus. Depuis leur point de vue situé, incarné, ils redonnent chair à l’élan de révolte qui, à ce moment-là, a soulevé des milliers de personnes, et à la violence nue qui en fut la seule réponse.
Trois semaines après la journée du 25 mars à Sainte-Soline, les Soulèvements de la Terre prennent le temps de creuser un certain nombre d'interrogations légitimes. Après les offensives agressives du gouvernement et les contre-offensives visant à rétablir un semblant de vérité sur le déroulé des faits, il leur tient à cœur de livrer ici quelques explications et interprétations suscitées par cet événement politique sans précédent.
Une armada de forces détruit à grande échelle les conditions de vie sur Terre. Vingt personnes, universitaires, autrices, élu.e.s ou paysans se sont liés pour présider l’Association pour la défense des terres, qui a pour objet de les défendre dans les zones agricoles et naturelles. En soutien aux Soulèvements de la Terre, ils et elles rappellent les raisons de cet engagement et la nécessité d'allumer partout des foyers de lutte pour stopper le désastre en cours.
Alors que les forces de l’ordre ont blessé des centaines de personnes et que deux d'entre elles sont aujourd’hui entre la vie et la mort, le sinistre Darmanin a « décidé d’engager la dissolution des Soulèvements de la terre ». Ils sont prêts à tuer, mutiler et blesser pour défendre un trou cerclé de gravats. Et les vivants se soulèvent, et la terre se soulève, et vingt mille personnes venues de toutes parts répondent à l'appel. On ne dissout pas le magma bouillonnant, ni les joies, ni les espoirs, ni les colères qui nous animent. Nous avons publié et nous publierons encore les textes des Soulèvements de la Terre.
Sommes-nous à la veille d'une insurrection ? Pour l'heure, une seule certitude se dégage : le pouvoir cherche à briser les grèves et les blocages par la violence et la terreur. L'histoire est riche de soulèvements réussis contre un régime légal mais détesté, parmi lesquels la révolution de 1848. Le 7 juin de cette année-là, paraît un texte qui nous parle comme parleraient ces révolutionnaires s'ils étaient encore parmi nous.
Les appels à déserter la société dominante fleurissent un peu partout. Les diplômes d'ingénieur·es sont refusés, les fermes reprises, et les méga-bassines sabotées. Ces gestes prolongent la vague de subversion qui parcourut les sociétés avec Mai 68. Au-delà d'un simple écho, comment faire dialoguer ces deux moments séparés par un demi-siècle ? Voici un témoignage sur l’esprit de désertion, et ses limites, par un ancien membre du groupe Survivre et vivre.
Qui veut tuer l'écologie l'accuse d'écoterrorisme : comme le chien de jadis qu'on souhaitait faire disparaître en inventant un prétexte fallacieux, l'appareil étatique mobilise depuis trois mois le mot ultime, terrifiant : terrorisme. Au moment où s'organise le désir de faire obstacle de façon plus conséquente au cours désastreux des choses, voilà que s'abattent procès, surveillances, répressions. Cette tribune répond à cette tentative d'intimidation.