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Extrait de Vandana Shiva, Monocultures de l’esprit, Marseille, Wildproject, 2022 (édition originale 1993).

Fondés sur l’objectif de modeler la diversité de la forêt vivante sur l’uniformité de la chaîne de montage industrielle, les principes actuels de la gestion scientifique des forêts conduisent à la destruction de l’écosystème des forêts tropicales. Au lieu de calquer la société sur la forêt, comme c’est le cas dans les cultures forestières, la forêt est calquée sur l’usine. Le système de « gestion scientifique », tel qu’il est pratiqué depuis plus d’un siècle, est donc un système de déforestation tropicale, qui transforme progressivement la forêt en une ressource non renouvelable. L’exploitation des bois tropicaux s’apparente ainsi à l’exploitation minière, et les forêts tropicales ne deviennent rien de moins qu’une mine de bois. Selon une estimation de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, au rythme actuel d’exploitation, les forêts de l’Asie tropicale seront totalement épuisées dans moins de cent ans.

Les forêts tropicales, lorsqu’elles sont calquées sur le modèle de l’usine et utilisées comme des mines de bois, deviennent une ressource non renouvelable. Les peuples tropicaux deviennent également un déchet historiquement dispensable. Au lieu du pluralisme culturel et biologique, l’usine produit des monocultures non durables dans la nature et la société. Il n’y a pas de place pour le petit, pas de valeur pour l’insignifiant. La diversité organique cède la place à l’atomisme fragmenté et à l’uniformité. La diversité doit être éliminée et les monocultures uniformes – de plantes et d’humains – doivent désormais être gérées de l’extérieur, car elles ne sont plus autorégulées et autogérées. Ceux qui ne s’intègrent pas dans l’uniformité doivent être déclarés inaptes. La symbiose doit céder la place à la concurrence, à la domination et à l’idée que certains vivants sont dispensables. Il n’y a pas de survie possible pour la forêt ou ses habitant·es lorsqu’ils deviennent des matières premières pour l’industrie. La survie des forêts tropicales dépend de la survie de sociétés humaines modelées sur les principes de la forêt. Ces leçons de survie ne proviennent pas de textes de « foresterie scientifique ». Elles se cachent dans la vie et les croyances des peuples des forêts du monde entier.

Il existe aujourd’hui en Asie deux paradigmes de la foresterie : l’un favorisant la vie, l’autre la détruisant. Le paradigme de l’amélioration de la vie émerge de la forêt et des communautés forestières, celui de la destruction de la vie émerge du marché. Le paradigme de l’amélioration de la vie crée un système forestier durable et renouvelable, qui soutient et renouvelle les systèmes alimentaires et hydriques. Le maintien des conditions de renouvellement est le principal objectif de gestion du premier paradigme. La maximisation des profits par l’extraction commerciale est le principal objectif de gestion du second. Puisque la maximisation des profits est consécutive à la destruction des conditions de renouvellement, les deux paradigmes sont cognitivement et écologiquement incompatibles. Aujourd’hui, dans les forêts d’Asie, les deux paradigmes luttent l’un contre l’autre. Cette lutte apparaît très clairement dans les deux slogans sur l’utilité des forêts himalayennes, l’un émanant des concepts écologiques des femmes garhwalis, l’autre des concepts industriels de ceux qui sont associés au commerce des produits forestiers. Lorsque le mouvement Chipko est devenu un mouvement écologique en 1977 dans le village d’Adwani, l’esprit de la science locale s’est résumé dans le slogan :

Que nous apportent les forêts ?

Un sol, de l’eau et de l’air pur.

C’était la réponse au slogan communément accepté par la science dominante :

Que nous apportent les forêts ?

Le profit de la résine et du bois.

mouvement chipko
Le mouvement Chipko a démarré en 1973 en Inde par l’action d’un groupe de villageoises illettrées qui se sont opposées à l’exploitation industrielle de leurs forêts, notamment en entourant collectivement les arbres. Ces femmes défendent l’existence de communautés forestières où les liens entre plantes, arbres et humains ne peuvent être dissociés, le culturel et le biologique étant entremêlés.

La perspicacité de ces slogans a représenté un changement cognitif dans l’évolution du mouvement Chipko. Le mouvement s’est transformé qualitativement, passant d’un simple conflit sur les ressources à un conflit sur les perceptions scientifiques et les approches philosophiques de la nature. Cela a posé une base de connaissance scientifique qui a ensuite permis au mouvement Chipko de se reproduire dans différents contextes écologiques et culturels. Le slogan est devenu le message scientifique et philosophique du mouvement, et a jeté les bases d’une science forestière alternative, orientée vers l’intérêt public et de nature écologique. L’intérêt commercial a pour objectif premier de maximiser la valeur d’échange par l’extraction d’espèces à haute valeur marchande. Les écosystèmes forestiers se trouvent donc réduits au bois des espèces commercialement prisées.

La « foresterie scientifique » sous sa forme actuelle est un système de connaissances réductionniste qui ignore les relations complexes au sein de la communauté forestière, et entre la vie végétale et d’autres ressources comme le sol et l’eau. Depuis de telles bases réductionnistes, son modèle d’utilisation des ressources est basé sur l’augmentation de la « productivité ». En ignorant les liens vivants au sein de l’écosystème forestier, ce modèle d’utilisation des ressources génère des instabilités dans l’écosystème et conduit, au niveau de l’écosystème, à une utilisation contre-productive des ressources naturelles. La destruction de l’écosystème forestier et des multiples fonctions de ses ressources porte à son tour atteinte aux intérêts économiques des secteurs de la société qui en dépendent pour leur survie. Ces fonctions comprennent la stabilisation des sols et de l’eau, ainsi que la fourniture de nourriture, de fourrage, de combustible, d’engrais, etc.

Les mouvements forestiers comme Chipko sont à la fois une critique de la foresterie « scientifique » réductionniste et l’articulation d’un cadre pour une science forestière alternative – à la fois écologique et à même de sauvegarder l’intérêt public. Dans cette science forestière alternative, les ressources forestières ne sont pas considérées comme isolées des autres ressources de l’écosystème. La valeur économique d’une forêt ne se réduit pas non plus à la valeur commerciale du bois.

vandana shiva monocultures de l esprit

La « productivité », le « rendement » et la « valeur économique » sont définis par rapport à un écosystème intégré et pour une utilisation polyvalente. Leur signification et leur mesure sont donc entièrement différentes de celles employées dans la foresterie réductionniste. De même que, lors du passage de la physique newtonienne à la physique einsteinienne, la signification de la « masse » est passée d’un terme indépendant de la vitesse à un terme dépendant de la vitesse : lors du passage de la foresterie réductionniste à la foresterie écologique, tous les termes scientifiques passent d’un terme indépendant de l’écosystème à un terme dépendant de l’écosystème. Ainsi, alors que pour les tribus et autres communautés forestières, un écosystème complexe est productif en matière d’herbes, de tubercules, de fibres et de patrimoine génétique, etc. ; pour le forestier réductionniste, ces composants de l’écosystème sont inutiles, improductifs et dispensables.

Les mouvements Chipko et Appiko sont des mouvements de communautés agriculturelles contre la destruction de forêts qui soutiennent des pratiques agricoles. Les blocages de bois des Penans et d’autres tribus du Sarawak (Indonésie) sont des luttes des peuples de la forêt contre des systèmes de gestion forestière qui détruisent la forêt et ses habitant·es. D’après les tribus (World Rainforest, 1990) :

C’est la terre de nos ancêtres, et de leurs ancêtres avant eux. Si nous ne faisons pas quelque chose maintenant pour protéger le peu qui reste, il n’y aura rien pour nos enfants. Nos forêts sont fauchées, les collines sont nivelées, les tombes sacrées de nos ancêtres ont été profanées, nos eaux et nos ruisseaux sont contaminés, notre vie végétale est détruite et les animaux de la forêt sont tués ou ont fui. Que pouvons-nous faire d’autre maintenant que de faire entendre nos protestations, afin que quelque chose puisse être fait pour nous aider ?

– Avek matai ame maneu mapat (« Jusqu’à notre mort, nous bloquerons cette route »)

Considérer la diversité comme des « mauvaises herbes » afin de mieux la détruire

La destruction de la diversité biologique est intrinsèque à la manière même dont le paradigme forestier réductionniste conçoit la forêt. Le caractère « normal » de la forêt est défini à partir de l’objectif de gestion de la forêt : celui de maximiser la production de bois commercialisable. Étant donné que la forêt tropicale naturelle se caractérise par la richesse de sa diversité, y compris la diversité des espèces non commercialisables et non industrielles, le paradigme de la « foresterie scientifique » déclare que la forêt naturelle est « anormale ». Selon Wilhelm Schlich1 (1920), la gestion forestière implique que « les conditions anormales doivent être éliminées », et pour Robert Scott Troup2. (1916) :

L’obtention d’une forêt normale à partir de la condition anormale de notre forêt naturelle existante implique un certain sacrifice temporaire. D’une manière générale, plus le passage à l’état normal est rapide, plus le sacrifice est important. Par exemple, les forêts normales peuvent être atteintes en une seule rotation, par une série d’abattages à blanc avec régénération artificielle, mais dans une forêt irrégulière et où les plantes ont des âges différents, cela signifie le sacrifice de beaucoup de jeunes pousses qui peuvent être invendables. La question de la minimisation du sacrifice qu’implique l’introduction de l’ordre à partir du chaos est susceptible de nous occuper considérablement dans le cadre de la gestion forestière.

La forêt naturelle, dans sa diversité, est donc considérée comme un « chaos ». La forêt créée par l’homme, c’est l’« ordre ». La gestion « scientifique » des forêts a donc un parti pris clairement antinaturel, et vise des objectifs industriels et commerciaux, pour lesquels la forêt naturelle doit être sacrifiée. La diversité cède ainsi la place à l’uniformité des peuplements monospécifiques et de même âge ; et cette uniformité est l’idéal de la foresterie « normale » vers laquelle tendent tous les systèmes sylvicoles. Guidée par l’objectif de maximiser la production de bois commercial, la gestion forestière s’appuie sur la destruction de la diversité et sur son caractère dispensable : elle considère les parties et les relations non commerciales d’un écosystème forestier comme sans valeur – comme une mauvaise herbe à détruire. La richesse de la nature, caractérisée par la diversité, est détruite pour créer une richesse commerciale, caractérisée par l’uniformité.

D’un point de vue biologique, les forêts tropicales sont les systèmes vivants les plus productifs de notre planète. Ce qui caractérise une forêt tropicale, c’est l’importance de sa biomasse. Les quantités de bois, en particulier, sont importantes dans les forêts tropicales et représentent environ 300 tonnes par hectare en moyenne – comparé à 150 tonnes par hectare environ pour les forêts tempérées.

Cependant, avec la foresterie commerciale réductionniste, la productivité globale n’est pas importante, et les fonctions de la forêt tropicale dans la survie des peuples tropicaux ne sont pas préservées. Elle se concentre uniquement sur les espèces utiles à l’industrie pouvant être vendues avec profit, et elle mesure la productivité uniquement en matière de biomasse industrielle et commerciale. Tout le reste est considéré comme des déchets ou des mauvaises herbes. Comme le constate James Bethel (1984, p. 17-22), un consultant international en foresterie, en se référant à l’importante biomasse typique des forêts tropicales humides :

Il faut dire que du point de vue de l’approvisionnement en matériaux industriels, cela est relativement peu important. La question importante est celle de la part d’arbres dans la biomasse, et plus précisément de la part d’arbres d’espèces préférentielles qui peut être vendue avec profit. […] Selon les standards d’utilisation actuelle, la plupart des arbres dans ces forêts tropicales humides sont clairement, en ce qui concerne les matériaux industriels, des mauvaises herbes.

Cette vision des « matériaux industriels » est celle de la foresterie capitaliste réductionniste qui divise la diversité vivante de la forêt – et les formes de démocratie qui s’y déploient – en bois mort à valeur commerciale, et en matériel à détruire – alors considéré comme « mauvaise herbe » ou « déchet ». Ce « déchet » est pourtant ce qui permet la croissance de la biomasse et qui maintient les cycles naturels de l’eau et des nutriments, tout en fournissant nourriture, combustible, fourrage, fertilisant, fibre et médecine aux communautés agricoles.

Tout comme la foresterie « scientifique » invisibilise les fonctions de production de nourriture de la forêt et y détruit la diversité (vue comme des « mauvaises herbes »), l’agriculture « scientifique » détruit elle aussi des espèces pourtant comestibles, mais qui ont peu ou pas de valeur marchande.

La Révolution verte n’a pas seulement supplanté des variétés de graines, mais des pratiques culturales entières dans le tiers-monde. Tout comme les peuples, les graines ont été déclarées « primitives » et « inférieures » par l’idéologie de la Révolution verte, et les plantes ont été déclarées « marginales », « inférieures » ou encore « à gros grains ». Seule une science agricole prenant racine dans le patriarcat capitaliste peut penser que des plantes nourricières comme le ragi ou le jowar sont inférieures. Les femmes paysannes connaissent les besoins nutritionnels de leurs familles et les apports nutritifs des plantes qu’elles font pousser. Parmi les plantes nourricières, elles préfèrent les plus nourrissantes à celles qui ont une valeur marchande. Ce qui a parfois été appelé des « plantes marginales » ou « à gros grains » sont les plantes les plus productives sur le plan nutritif. C’est pourquoi les femmes dans le Garhwal continuent de cultiver la mandua, et c’est pourquoi les femmes dans le Karnataka cultivent encore le ragi malgré toutes les tentatives de la police de l’État pour les réorienter vers des plantes vendables et de la nourriture céréalière commerciale – tous les soutiens financiers du « développement » agricole allant dans ce sens. Le tableau ci-dessous montre combien toutes les céréales que la Révolution verte a considérées comme « inférieures » sont en fait meilleures sur le plan nutritif que les céréales, le riz ou le blé « supérieur ». Un jour, dans un village de l’Himalaya, une femme m’a dit : « Sans notre mandua et notre jhangora, nous ne pourrions pas travailler comme nous le faisons. Ces céréales sont notre principale source de bonne santé et de force. »

N’étant pas utiles commercialement, les plantes populaires sont traitées comme des « mauvaises herbes » et détruites avec des poisons. L’exemple le plus marquant de cette destruction est celui de la bathua, un légume feuillu important en Inde, d’une haute valeur nutritive et riche en vitamine A, qui grandit en association avec le blé. Toutefois, avec l’usage intensif des fertilisants chimiques, la bathua devient un compétiteur majeur du blé et a donc été déclarée comme une « mauvaise herbe » à détruire à l’herbicide. Quarante mille enfants en Inde deviennent aveugles chaque année par manque de vitamine A, et les herbicides contribuent à cette tragédie en détruisant des sources librement accessibles de vitamine A. Des milliers de femmes rurales qui gagnent leur vie en tressant des paniers et en fabriquant des nattes, avec des roseaux et herbes sauvages, perdent également leur moyen de subsistance du fait de l’usage croissant d’herbicides, ce qui tuent les roseaux et les herbes sauvages. L’introduction de plantes résistant aux herbicides va encore augmenter l’usage d’herbicides et va donc augmenter également les dégâts économiques et écologiques envers les espèces de plantes utiles localement. La résistance à l’herbicide de certaines plantes spécifiques entraîne la destruction de toutes les autres plantes par l’herbicide, et exclut par conséquent la possibilité de cultures agricoles rotatives et mélangées – ce qui est pourtant essentiel à une agriculture soutenable3 et écologiquement équilibrée. Les États-Unis estiment actuellement que les effets de l’épandage d’herbicide entraînent une perte annuelle de 4 milliards de dollars sur leur territoire. La destruction en Inde va être bien plus importante étant donné la plus grande diversité de plantes, et la prévalence de nombreuses activités basées sur les plantes et la biomasse.

Les stratégies de modification génétique de la résistance végétale, qui détruisent des espèces de plantes utiles, peuvent aussi finir par créer de mauvaises herbes résistantes (superweeds). Il y a une relation intime entre les mauvaises herbes et les plantes cultivées, tout particulièrement sous les tropiques où les variétés sauvages et cultivées ont interagi génétiquement pendant des siècles, et se sont hybridées librement pour produire de nouvelles variétés. Les gènes de la tolérance à l’herbicide, que les ingénieurs en génétique s’efforcent d’introduire dans les cultures agricoles, peuvent en effet être transférés à des plantes sauvages voisines selon les voies naturelles avérées du transfert génétique.

Des pénuries de variétés végétales localement utiles ont ainsi été créées parce que le système de connaissances dominant ne tient pas compte de la valeur des connaissances locales et déclare que les plantes utiles localement sont des « mauvaises herbes ». Puisque les connaissances dominantes sont créées dans l’optique d’accroître la production commerciale et qu’elles ne répondent qu’aux valeurs du marché, elles ne peuvent pas voir les valeurs que les perceptions locales attribuent à la diversité végétale. La diversité est donc détruite dans les communautés végétales et dans les communautés forestières et paysannes, parce que, dans la logique commerciale, celle-ci n’est pas « utile ». Et, comme l’a déclaré Cotton Mather, le célèbre chasseur de sorcières de Salem, dans le Massachusetts, « ce qui n’est pas utile est vicieux ». Il doit donc être détruit. Lorsque ce qui est utile et ce qui ne l’est pas sont déterminés de manière unilatérale, tous les autres systèmes de détermination de la valeur sont supplantés.

Déclarer qu’une espèce localement utile est une « mauvaise herbe », voilà un autre aspect de cette politique de la disparition, qui réduit à néant tout espace pour les savoirs locaux. Le champ de vision unidimensionnel du système dominant ne perçoit qu’une seule valeur, basée sur le marché, et il génère des pratiques forestières et agricoles qui visent à maximiser cette valeur. La destruction de la diversité, considérée sans valeur, est directement liée à l’inévitabilité de la monoculture – entendue comme seul système « productif » et « à haut rendement ».


Pour consulter le sommaire de ce livre tout juste traduit en français, voir cette page de présentation de l’éditeur.


Notes

  1. NdT : Expert en sylviculture d’origine allemande, Wilhelm Schlich (1840-1925) a travaillé en Inde sous l’administration britannique. Ses écrits et ses enseignements ont exercé une influence importante sur la sylviculture partout dans les colonies de l’Empire britannique (source : Wikipédia).[]
  2. NdT : Robert Scott Troup (1874-1939), forestier britannique, fut étudiant de Wilhelm Schlich. Il a passé la première moitié de sa carrière en Inde, avant de devenir directeur de l’École de sylviculture d’Oxford en 1920 (source : Wikipédia[]
  3. NdT : Le terme « sustainability », que l’on traduit généralement par « développement durable », est très utilisé en anglais. Nous choisissons ici de garder le mot « soutenable » (et non pas « durable ») afin d’insister sur tout ce qui soutient la vie et son extraordinaire diversité.[]