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29 octobre dernier. Partout en France résonne le fracas d’une bataille historique dans la guerre de l’eau. Et c’est ainsi que le nom du petit village de Sainte Soline s’étale à la une des journaux. Mais qui donc – aujourd’hui- connaît Sainte Soline, cette martyre Chrétienne du pays Mellois ?

Un article lapidaire de Wikipédia prétend qu’il “n’existe aucune information précise ou fiable sur la vie de Sainte Soline.” Mais si notre sombre époque croule sous les “informations”, elle manque en revanche cruellement de légendes. Et paradoxalement, à mesure que s’entassent les rapports du GIEC, les informations scientifiques rejoignent de manière inattendue la prose religieuse. Elles sont annonciatrices d’un avenir qui ressemble à s’y méprendre aux Septs Plaies d’Égypte, au Déluge, à l’Apocalypse selon Saint Jean, ou encore aux sourates coraniques de la Secousse, de la Déchirure et du Ciel fendu.

« Quand le ciel se fendra, et que les étoiles se disperseront, et que les mers
confondront leurs eaux, et que les tombeaux seront bouleversés, tout âme saura
alors ce qu’elle a accompli et ce qu’elle a remis à plus tard.
 »
Le Saint Coran, Sourate 82, Le ciel fendu

Si nous ne sommes pas de ceux qui croient que la vérité du monde réside dans un texte unique, révélé pour des siècles et des siècles ; nous ne sommes pas pour autant insensibles aux signes mystiques, aux intuitions et aux puissances magiques. Nous savons la force extraordinaire des légendes, des mythes et des prophéties. L’Esprit et la détermination qui nous animent n’ont rien d’étranger à la foi.

A la veille de la prochaine bataille qui s’annonce ; A l’heure où des milliers de personnes s’apprêtent à confluer “à Mauzé-sur-le-Mignon et-ou à Sainte Soline” le 25 mars prochain pour en finir avec les méga-bassines ; Alors que les petits soldats de l’Empire macronien échafaudent leurs plans de répression et que galopent les rumeurs cavalières d’une présence de la garde montée ; Le temps est venu de faire toute la lumière sur Sainte Soline.

Vitrail de l’Abbaye de Saint Père, Sainte Soline tenant une plante, source : David Crochet

La vie de Sainte Soline

La légende de Sainte Soline fut consignée par l’Abbé Loriot dans un ouvrage oublié : Sainte Soline ou les premiers martyrs de l’Eglise de Chartres. Nous sommes au IIIe siècle après Jésus Christ et Rome règne sans partage sur l’Occident. Le pays Mellois garde encore la trace de cette époque lointaine. En témoignent les vielles pierres de la cité de Rom (Rauranum) jalonnée de ruines et marquée à jamais par ses thermes antiques aux colonnes toscanes. En témoigne le vestige d’un pont en bois exhumé à Sainte Soline par les archéologues. En témoigne l’empreinte du sillage des voies romaines à travers les champs alentours, trace du réseau sur lequel reposait la puissance de l’un des tous premiers empires.

Dans ce livre, l’abbé Loriot nous raconte l’histoire de Santa Sulina, une jeune femme de noble et riche famille qui se convertit à la foi Chrétienne. Elle fait le serment de conserver sa chasteté et de réserver son amour à Jésus-Christ. Assaillie de sollicitations – tant pour la beauté de ses traits que pour la noblesse de ses titres – elle les décline toutes avec obstination. Alors que ces parents la maltraitent pour la forcer à prendre époux et que ses prétendants se font chaque jour plus insistants, elle décide de prendre la fuite.

Elle renonce à toutes les richesses de sa famille, à tous les privilèges de son rang pour gagner liberté et indépendance. Elle prend la route pour un long périple. Sa courageuse fugue la mène jusque dans la cité carnute où elle trouve refuge dans une grotte fameuse où les chrétiens primitifs vouaient alors un culte à la Vierge-Marie. Elle s’y établit pour mener une vie de recueillement et de prières.

Mais Quirinus, gouverneur de la cité, décide de faire arrêter cette femme prosélyte qui chaque jour convainc d’autres femmes de se soustraire au mariage et de vivre leur foi en communauté de soeurs. Elle est jetée au cachot. Quirinus s’efforce de la faire renoncer à sa croyance, usant tour à tour des douces promesses et des supplices, de la séduction et de la torture. Elle persiste dans sa foi et sa sérénité et ne se laisse ébranler ni par les menaces, ni par les caresses. Elle est alors livrée au bourreau pour être décapitée puis immolée.

Des fidèles parviennent dans le plus grand secret à récupérer et inhumer son corps en un tombeau parfumé. Des reliques sont alors précieusement conservées dans une châsse dorée. Elles sont encore accessibles aujourd’hui auprès de la personne qui détient les clefs de l’Église du village Sainte Soline… Depuis sa mort jusqu’au XIXe siècle, elle est vénérée dans les temps de calamités publiques et de sécheresse.

« Sainte Soline était invoquée de manière toute spéciale dans les grandes calamités
publiques (…) pour les biens de la terre en souffrance et contre les intempéries de
l’air. Ses reliques étaient alors portées aux processions générales. Quand une
sécheresse trop continue menaçait les récoltes, on exposait à la cathédrale de
Chartres la châsse de Saint Taurin, évêque d’Évreux, et à l’Église abbatiale de Saint
Père la châsse de Sainte Soline, et les nombreux et irrécusables miracles obtenus à
la suite de cet acte de pieuse confiance dans l’intercession des saints autorisaient les
populations reconnaissantes à traduire leur pensée par l’épithète naïve et bien
significative qu’elles donnaient à ces châsses vénérées : elles les appelaient les deux
aqueducs du pays chartrain.
 »
Les Vies des Saints du Poitou, par Ch. de Chergé, 1856

Vitrail de l’église de Sainte Soline, Sainte Soline face au gouverneur Quirinus

Que soient chassés les marchands pour conjurer la sécheresse

Nous traversons une sécheresse pluri-annuelle historique et sans précédent. Le réchauffement climatique dont elle procède n’a rien d’une punition divine. Il est la conséquence des agissements d’une minorité d’hommes assoiffés d’or. Aveuglés par l’appât du gain, ils ne savent plus prendre soin ni du monde, ni de leur prochain. Ils sont en train de tout ravager. Le temps est venu de les en empêcher.

« Car l’amour de l’argent est racine de toutes sortes de maux. Pour s’y être
abandonnés, certains se sont égarés très loin de la foi, et se sont infligés beaucoup
de tourments.
 »
La Sainte Bible, Timothée 6:10

« La course aux richesses vous distrait, jusqu’à ce que vous trouviez votre tombe.
Mais non ! Vous saurez bientôt… Vous saurez bientôt ! Sûrement. Si vous saviez de
science certaine. Vous verrez, certes, la Fournaise. Puis vous la verrez avec l’oeil de
certitude. Puis, assurément, vous serez interrogés, ce jour là, sur les délices.
 »
Le Saint Coran, Sourate 102, La course aux richesses

Désormais c’est le monde qui ploie sous les tourments causés par les riches, et ce sont les pauvres du monde qui récoltent les premiers les fléaux que sème partout le mode de vie capitaliste. Parmi ces innombrables fléaux, il y a la sécheresse. Que ferons-nous quand il n’y aura plus d’eau ? Jusqu’où alors iront les hommes dans leur lutte sans merci pour la survie ? Quel visage aura le monde quand l’eau potable aura le prix de l’or ? C’est donc maintenant – tant qu’il est encore temps – qu’il nous faut mener corps et âme cette guerre de l’eau. Maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.

L’eau, ce bien commun, ce don de la providence, est ce qui rend possible la vie même. En s’attaquant aux méga-bassines, nous luttons non seulement contre l’accaparement de l’eau par un complexe ago-industriel mortifère, mais aussi pour une prise de conscience. La guerre de l’eau ne fait que commencer. L’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage. L’écologie sans spiritualité, c’est du charabia d’ingénieur du plan. La lutte écologique sans l’action déterminée, c’est un martyr superflu, un vain sacrifice. Contrairement aux idées reçues du catéchisme de la nonviolence, Jésus n’a pas fait que tendre l’autre joue, loin de là, il a d’abord semé le trouble.

« Ils arrivèrent à Jérusalem, et Jésus entra dans le temple. Il se mit à chasser
ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple ; il renversa les tables des
changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons ; et il ne laissait personne
transporter aucun objet à travers le temple. Et il enseignait et disait : “N’est-il
pas écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les
nations ? Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs !”.
 »
La Sainte Bible, Marc, 15:17

« Il trouva dans le temple les vendeurs de boeufs, de brebis et de pigeons, et les
changeurs assis. Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du
temple, ainsi que les brebis et les boeufs ; il dispersa la monnaie des changeurs,
et renversa les tables ; et il dit aux vendeurs de pigeons : “Ôtez cela d’ici, ne
faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic !”
 »
La Sainte Bible, Jean, 14:16

Un disciple de Bosch, Jésus chassant les marchands du temple. Longtemps attribué à Brueghel, ce tableau représente Jésus se livrant au vandalisme et à la fustigation. Il faut ici entendre le mot fustigation au sens propre puisque Jésus brandit une sorte de fouet-martinet pour battre les marchands.

Notre combat pour la terre et les formes de vie qui la peuplent, est juste. Notre âme est notre temple. La Terre est notre temple. Pour notre salut et celui de nos prochains, le temps est venu d’en chasser pour toujours et à jamais les marchands. Les chasser de la terre et de notre âme. Pour comprendre ces paroles dans toute leur profondeur, peut-être faudrait-il prendre le temps de relire attentivement le premier sermon du mystique Maître Eckhart : « la vérité n’a pas besoin de marchands ».

Que l’esprit de Sainte Soline soulève la terre

Dans cet affrontement contre les marchands qui assèchent et ravagent le monde, nous avons à nos côtés l’esprit de Sainte Soline. Et cela nous le percevons par des signes. Il y a en nous et avec nous des forces qui nous excèdent et nous agissent. Elles commencent tout juste à se manifester. Elles appuient notre résistance, prolongent et amplifient nos gestes.

Vitrail de l’Église de Sainte Soulle, Sainte Soline accoudée sur le manche d’une hache de guerre et tenant dans l’autre main la palme du martyre.

Jeudi 2 mars 2023, vers midi, les sapeurs-pompiers sont intervenus rue de Verdun après l’apparition soudaine de fissures sur le bâtiment qui abrite les bureaux de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres et de Charente-Maritime et de la Cuma des Deux-Sèvres. Il s’agit (divin hasard !) de deux acteurs majeurs du projet de mégabassines dans le département. Une dizaine de salariés travaillaient à l’intérieur au moment des faits. « On a entendu un gros clac et le carrelage s’est soulevé au niveau de l’accueil. On a immédiatement évacué le bâtiment ». Les pompiers ont constaté le surgissement de trous et des fissures. Il n’y a eu aucun blessé. Le bâtiment a été évacué. Le maire a pris un arrêté de péril et prononcé sa fermeture administrative. Il est inaccessible jusqu’à nouvel ordre. Les gendarmes de Parthenay, présents sur site, se sont retrouvés, une fois de plus, impuissants face à ce nouveau soulèvement de la terre, au sens littéral.

Depuis une quinzaine de jours maintenant, le petit monde des irrigants de la commune de Sainte Soline bruisse d’une rumeur angoissée. Au café, dans les couloirs de la Cuma, sous les silos d’Ocealia et dans les réunions de la Coop de l’eau, l’inquiétude et l’anxiété suintent de toutes parts. Les fuites partout se propagent. Les travaux sont interrompus. La cause première est l’action résolue des opposants. Le cratère est désormais creusé. Il est cerné de digues en terres, de barrières et de grillages consolidés. Le calendrier initial est mis à mal par la détermination des opposants.

En effet, il serait absolument imprudent de bâcher la méga-bassine maintenant. Le risque est trop important qu’elle soit rapidement détruite, pendant, avant ou après la manif du 25 mars. La phase entre le bâchage et le remplissage constituera le moment de vulnérabilité maximale de l’édifice. Un coup de cutter où une petite flamme suffiraient alors à neutraliser le chantier et leur faire perdre des sommes astronomiques.

Mais en plus de notre résistance farouche, une autre menace plane au-dessus du chantier. Une menace bien plus mystérieuse et profonde. “Une contrainte technique” qui inquiète au plus haut point la Coop de l’eau. Un lac s’est formé dans la mégabassine. Mais ne croyez pas – comme cet imbécile heureux de Marc Fesnau ! – que cette apparition serait un effet fond de cuve lié au retour de la pluie. C’est encore une fois aux forces telluriques que l’on doit cet étrange phénomène. Il s’agirait bien plutôt d’une remontée de nappe. Normalement les concepteurs ont anticipé un tel phénomène en prévoyant de laisser au fond de la bassine un seuil minimal en guise de lestage, pour empêcher que la nappe phréatique ne perce la bâche et ne ruine l’édifice. Mais si les concepteurs ont sous-estimé la puissance et le débit de cette poussée, alors la bassine de Saint Soline est un édifice mort-né !

De plus, l’absence d’études hydro-géologiques préalables sur la nature des sols sous la méga-bassine laisse planer un autre risque tellurique, et non des moindres. Les concepteurs se sont affranchis des obligations préconisées par la loi sur l’eau. Ils se sont dispensés de faire réaliser un diagnostic par des géologues professionnels. Ils n’ont fait ni tests hydrauliques de forage, ni sondages carottés, ni descriptions lithologiques des affleurements ou autres études structurales. Pour le dire simplement, ils ignorent tout de la nature et de la texture du sous-sol de la bassine et construisent à l’aveugle. Or sous le calme apparent des plaines de Sainte Soline, le sous-sol est jalonné de gouffres et traversé de failles. Ainsi, au risque de poussée de nappe, vient donc s’ajouter celui d’un possible effondrement de l’édifice sur lui-même.

Les maîtres d’œuvre des méga-bassines ont déjà fait preuve de cette négligence coupable par le passé. C’était à Vivonne, au début des années 2000. Le fond de la bassine n’était en réalité que le mince plafond d’une rivière souterraine. La bassine une fois remplie s’était littéralement effondrée sur elle-même. La puissance des eaux et de la terre avaient balayé l’édifice, répandant des lambeaux de bâches à des kilomètres à la ronde. La chambre d’agriculture commanditaire des travaux avait fait faillite, licencié une dizaine de salariés, pour être finalement placée sous tutelle. Aujourd’hui, le sol se soulève et se dérobe sous la chambre d’agriculture du 79. Les irrigants cauchemardent du fiasco de Vivonne. Le 25 mars prochain, nous porterons un nouveau coup de butoir contre ce projet absurde. Ô Sainte Soline, puisses-tu accompagner notre effort, soulever la terre pour leur porter le coup de grâce !


Prière pour Sainte Soline

Ô Sainte Soline,
Toi qui a fugué pour échapper aux contraintes patriarcales,
Toi qui a défié l’Empire Romain et résisté au gouverneur,
Aide-nous à affronter la sécheresse et les calamités de notre temps.


Ô Sainte Soline,
Déterre ta hache de la guerre pour que verdissent les blés,
Soulève terre et eau pour bassine effondrer,
Aide-nous à déferler pour enterrer projet.

Ô Sainte Soline,
Nous t’implorons, guettons tes moindres signes,
Puisses-tu faire de nous foule fluide comme l’eau pour déborder leurs lignes,
Qu’ainsi à tout jamais, il n’y ait plus de bassines.

Amen

Société des frères et sœurs de Soline,
Ordre mystique et ésotérique pour un soulèvement de la Terre